Parce que se travestir fait partie des activités humaines depuis toujours et partout dans le monde. 

 

 a. Le carnaval dans l’histoire 

– Les origines païennes du Carnaval  

Les Sacées en Mésopotamie Au 2ème siècle avant J-C, Babylone célébrait la déesse de la fécondité Anaïtis et le début du printemps lors de festivités appelées les Sacées. Pendant cette période qui durait 5 jours, les rôles étaient inversés : les esclaves prenaient la place des maîtres, les enfants celle des adultes, les femmes celle des hommes. Un condamné à mort était même nommé roi avant d’être exécuté. ( !)  

 Dionysies et Anthestéries en Grèce Antique (Reconstitution) Le début du printemps était l’occasion de célébrer à Athènes les Grandes Dionysies, connues par la suite sous le nom d’Anthestéries. Les grecs y fêtaient Dionysos, le dieu de la fécondité, du vin et de la nature. Les festivités étaient marquées de défilés, de musiques et de représentations théâtrales.   

Saturnales en Rome Antique  Du côté de l’antiquité romaine, les origines du Carnaval se retrouvent dans la fête des Saturnales. Ces grandes festivités en l’honneur de Saturne, dieu de l’agriculture et du temps, durent 8 jours et ont lieu au solstice d’hiver. Bien que la période ne soit pas la même que celle de notre Carnaval actuel, on y retrouve l’inversion des rôles et l’élection d’un faux roi. Les esclaves sont alors libres de parler et d’agir comme ils le souhaitent et se font servir par les maîtres. Les festivités sont accompagnées de grands repas. Une autre origine romaine du Carnaval pourrait être Les calendes de Mars, équivalent du nouvel an puisque l’année commençait en mars. Les hommes et les femmes portaient des masques et des costumes représentant les Dieux afin de rentrer dans leurs bonnes grâces pour s’assurer de bonnes récoltes pour l’année.

 - Le Carnaval    

Le nom de carnaval vient du latin « carne levare » qui signifie « retirer la viande », en référence à l’entrée en carême. Le carnaval fait timidement son apparition au XIIe siècle, dans les pays chrétiens. Avant le Mercredi des Cendres, qui marque le début d’une période de 40 jours de jeûne, la population prend l’habitude de se grimer, de manger et de boire dans une ambiance festive.

 

Le Carnaval a aussi absorbé une fête qui avait lieu du 13ème au 15ème siècle, appelée la Fête des fous. Il s’agissait pendant la période de l’Épiphanie, d’élire un roi de pacotille et d’inverser les rôles dans la société. Les festivités comprenaient également des mascarades, des scénettes de rues burlesques jouées masqués. La tradition veut alors (comme dans les fêtes déguisées du monde antique) que les rôles soient inversés : les rois deviennent les bouffons, et inversement ! 

Au Moyen Âge, le Carnaval s’accompagne de nombreuses manifestations pendant lesquelles l’ordre établi est aboli au profit d’un éphémère chaos. Cette fête du peuple est l’occasion de travestissements, de débordements, de manifestations de sauvagerie, voire d’inversions des codes sociaux et des sexes. Par exemple, à Paris, les aristocrates et les bourgeois costumés n’hésitaient pas à s’encanailler parmi les hommes et les femmes du peuple dans les faubourgs de Belleville. Le Carnaval était donc le seul moment de l’année où ce qui était interdit était autorisé. Cela permettait aux gens de se défouler avant que la période du Carême ne commence.   

b. Carnavals dans le monde 

- Le carnaval de Venise

La première mention qui est faite du carnaval de Venise date de 1094, mais les costumes ne sont autorisés qu’en 1269. Dans les premiers temps du carnaval, celui-ci était l’occasion de jouer au mattacino, un jeu qui consistait à lancer des œufs remplis de parfum d’eau de rose sur les demoiselles par des gens déguisés en clowns. Mais le jeu finit par être interdit par le gouvernement. Au fil du temps, le carnaval de Venise devint synonyme de joie, de séduction et de liberté d’expression. Reconnu officiellement et mondialement en 1980, ildure 10 jours et attire des touristes du monde entier. Les festivités sont lancées par un cortège de bateaux nommé le « vol du rat », car mené par l’effigie d’un rat. L’explosion de la figurine dans une pluie de confettis donne le coup d’envoi du carnaval. Le carnaval de Venise est connu pour ses costumes emblématiques : la bauta pour les hommes (cape noire, tricorne et masque blanc), la moretta pour les femmes (masque de velours noir), ainsi que ceux inspirés de la Comedia dell’Arte : Arlequin, Colombine, Polichinelle, le médecin…   

    

- Le carnaval de Rio  

 Introduit au Brésil au 16ème siècle par les colonisateurs portugais avec la fête de l’Entrudo, ce carnaval est particulièrement célèbre pour ses défilés des écoles de Samba et ses costumes extrêmement colorés. Le Carnaval de Rio dure 4 jours, juste avant le Mercredi des cendres. En Italie, au moyen âge, les carnavals étaient la plupart du temps des bals masqués où les costumes avaient la part belle. Cette tradition s'étendit rapidement aux autres pays d'Europe, dont le Portugal, ce qui explique l'apparition du carnaval au Brésil. Les esclaves africains amenés sur le continent américain par les portugais y participèrent et eurent une forte influence sur son développement. Les africains utilisaient des masques et des costumes faits de plumes, d'os, d'herbe, de pierres, et d'autres éléments afin d'invoquer les Dieux et de chasser les mauvais esprits. Tous les symboles de ces anciennes coutumes africaines sont aujourd'hui des éléments de base dans la conception des costumes du carnaval de Rio . 

 D’origine portugaise, cette fête un peu brutale annonçait les premiers jours du carême. La haute bourgeoisie Carioca peu satisfaite de ces traditions carnavalesques introduisit les rites français beaucoup plus festifs et élégants. Le Carnaval de Rio tel que nous le connaissons aujourd’hui tient alors ses origines des défilés français. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que le Carnaval s’empreigne de la culture brésilienne avec l’arrivée des premiers groupes de rue, les Cordoes.   

 - Un exemple en France : Le carnaval de Nice   

1294 : Le Comte de Provence, Charles d’Anjou, fait savoir qu’il y a passé « les jours joyeux du Carnaval » 

1539 : L’organisation et la réglementation des festivités sont confiées aux « abbés des fous » qui organisent quatre bals dans la cité selon les classes sociales : nobles, marchands, artisans et ouvriers. 

C’est bien plus tard, au XIXe siècle, qu’apparaît le Carnaval de Nice sous sa forme moderne, tel qu’il existe aujourd’hui. À cette époque, Nice devient la « capitale de la villégiature hivernale » Lors du séjour hivernal du roi de Piémont-Sardaigne Charles-Félix, les notables niçois organisent le Carnaval sur le Cours Saleya avec des voitures et calèches, ainsi qu’un corso de gala sous le balcon du palais.